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Santé: l’union pour une meilleure prise en charge dans l'Est-Var

Les experts se regroupent au sein d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) portée par Maria Péres (à gauche) et le docteur Gras (au milieu). Photo Philippe Arnassan

Article publié le 25/09/2019 par JOCELYNE JORIS dans "Var-Matin"

Maria Péres, présidente de l’association des infirmiers libéraux, et le Dr Pierre Gras portent le projet d’une communauté professionnelle pour mieux coordonner les soins.

Toujours un peu énigmatique, le jargon médical s’enrichit d’un nouvel acronyme avec la communauté professionnelle territoriale de santé: la CPTS.

Le plan de santé 2022, qui cherche à pallier les carences des soignants en France, incite à la réalisation de filières de soins.

Sans obligation pour le moment. Voici donc venir le temps des CPTS… si des volontaires veulent bien s’y coller.

C’est le cas de Maria Péres, qui s’est déjà démarqué en fondant son association des infirmiers libéraux de l’Est-Varois (AILEV).

Cette dernière propose des réunions d’information pour les soignants, des colloques et une plateforme téléphonique pour les patients, un modèle du genre, repris dans d’autres régions.

FAVORISER LA COORDINATION

Maria Peres a décidé de se lancer dans l’aventure de la CPTS « pour ne pas attendre qu’on nous impose les choses et parce qu’il faut avancer dans le bon sens. On veut mettre en œuvre ce dispositif qui vise à favoriser la coordination entre professionnels de santé ».

Elle a alors sollicité le docteur Pierre Gras, généraliste à Saint-Raphaël depuis 1985, lui aussi représentant ses pairs puisque délégué territorial du conseil de l’ordre. Ils ont fédéré autour d’eux leur réseau d’experts afin de créer une communauté professionnelle territoriale de santé intitulée « CPTS Var Estérel Méditerranée ».

« Soit on attend d’être contraints de le faire en 2022, soit on anticipe et on s’organise pour réaliser une structure. D’autres se mettent en place dans l’aire toulonnaise et on ne veut pas être à la traîne », explique Pierre Gras.

Porteurs du projet, ils ont constitué un groupe de travail composé d’infirmiers, de pharmaciens, de kinés, médecins… afin de créer une association loi 1901 et les statuts qui vont l’encadrer.

« Depuis février, nous montons un dossier, évaluant le contexte géographique et économique, les caractéristiques de la population de notre secteur, démographiques, sanitaires et sociales. Un diagnostic du territoire avec les besoins et les attentes de la population mais aussi des professionnels, un état des lieux et un recensement des moyens existants et des problématiques de santé rencontrées sur le terrain, détaille Maria Péres. Nous proposons aussi ce qui pourrait améliorer la prise en charge des patients. Nous avons déposé ce dossier à l’Agence régionale de santé (ARS) en mai dernier. Il est passé en commission en juillet et a reçu un avis favorable ».

La CPTS Var Estérel Méditerranée bénéficiera ainsi de subvention de l’ARS et des fonds dédiés de la CPAM. Maria Péres a élaboré un document afin d’obtenir les aides au démarrage prévues pour financer ces communautés.

Maria Péres et Pierre Gras se sont ensuite tournés vers la communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée pour obtenir son appui. La Cavem les soutient d’ores et déjà en leur attribuant un local pour le siège de leur association.


Le bureau constitué du président, le Dr Gras, de la vice-présidente Maria Péres infirmière libérale, de la secrétaire Fanny Arnaud, pharmacienne et de la trésorière Sabrina Vicini, infirmière, est ouverte à tous les professionnels de santé de l’agglomération.

Le groupe lance un appel aux médecins, infirmiers, pharmaciens, psychologues, orthophonistes, kinés, biologiste, pédicure podologues, sages-femmes qui souhaitent rejoindre l’association.

TOUS LES PROFESSIONNELS INVITÉS CE JEUDI

Une assemblée générale invite l’ensemble de ces spécialistes jeudi à 20 heures à la salle Félix-Martin (suivie d’un buffet) pour devenir membres de l’association, élargir le conseil d’administration et comprendre le fonctionnement de la CPTS.

Les unions régionales des professionnels de santé (URPS) médecins, infirmiers, kinésithérapeutes et pharmaciens seront présentes pour appuyer cette nouvelle entité.

LE NOMBRE DE MÉDECINS STAGNE DEPUIS 2012

La CPTS cherche une continuité des soins après hospitalisation, un meilleur suivi coordonné en ville. Photo J.J

Cette coopération des professionnels de ville avec les établissements de santé et médico-sociaux, publics et privés vise une meilleure prise en charge des patients souffrants de pathologies chroniques engagés dans des parcours de soins complexes.

LES MISSIONS

Les missions de cette CPTS sont multiples: garantir au patient le choix de son médecin traitant, informer le docteur de la sortie d’hospitalisation de son patient et des modalités de prise en charge à domicile, organiser les parcours de soins, assurer la coordination sur le territoire entre tous les professionnels de santé médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmiers, homogénéiser les pratiques.

Également présenter une réponse aux soins non programmés (conventionner avec SOS médecin pour assurer un médecin généraliste; accéder à des délais appropriés (par exemple, les rendez-vous pour un endocrinologue ou un diabétologue sont à trois, six mois voire un an).

Il s’agit aussi de sécuriser et structurer les liens ville-hôpital; soutenir le maintien à domicile des personnes âgées ou poly-pathologiques; mettre en œuvre des actions de prévention, des actes de dépistages et de l’éducation thérapeutique ; développer les activités spécifiques innovantes de prise en charge comme la télémédecine…

LES DIABÉTOLOGUES SONT DÉBORDÉS

« Comme la plupart des régions, le secteur de Fréjus Saint-Raphaël rencontre des insuffisances de prise en charge des pathologies chroniques avec une population de plus en plus vieillissante (40 % de plus de 55 ans à Fréjus et 52 % à Saint-Raphaël), soulignent les spécialistes. Les communes de la Cavem permettent l’offre en soins suivante: 117 médecins généralistes pour 310 infirmiers libéraux, 195 kinésithérapeutes, 42 pharmaciens de ville. Le nombre de médecins généralistes stagne depuis 2012, alors que les effectifs des autres spécialités ont progressé de 7,8 %. Prenons le diabète comme exemple de pathologie chronique: sur notre secteur, les diabétologues sont peu nombreux et débordés face à la demande. Les médecins généralistes sont les principaux prescripteurs et relayent le suivi aux paramédicaux ».

JOCELYNE JORIS dans « Var-Matin »​ le 25/09/2019